La connectivité aérienne du bassin Antilles-Guyane est à la croisée des chemins. Fragmentée, soumise à une forte concurrence et confrontée à des défis écologiques et économiques majeurs, elle peine à réaliser son plein potentiel : celui d’être un véritable hub entre l’Europe, la Caraïbe et les Amériques.
La 2ème Conférence de l’Aérien, qui se tiendra les 23 et 24 octobre 2025 en Guyane, n’est pas une conférence de plus ; c’est un acte stratégique visant à transformer cette vision en un plan d’action concret et partagé.
Loin d’être une simple succession de discussions, le programme a été pensé comme une architecture cohérente, activant 5 leviers indissociables pour bâtir un écosystème aérien régional résilient et souverain.
1. La connectivité : Bâtir les fondations du réseau
Tout commence par le réseau. La première table ronde, « Connecter le bassin », s’attaquera au cœur du problème : comment passer d’un archipel de lignes subies à un maillage choisi et intelligent ? Le débat réunira des compagnies (Caribbean Airlines Ltd), des régulateurs (@DSAC) et des gestionnaires de plateformes pour diagnostiquer sans concession les « trous noirs » de notre réseau – liaisons inter-îles défaillantes, passerelles quasi inexistantes vers le plateau des Guyanes – et définir les outils pour y remédier, notamment via un possible Appel à Projets (APP) commun aux territoires.
2. Les Plateformes Aéroportuaires : Jouer en Équipe pour Gagner
Enfin, la performance de l’ensemble repose sur nos aéroports. La 2nd table ronde, « Plateformes aéroportuaires : moteurs de compétitivité », réunira les directeurs des aéroports de la région. Le but : analyser comment passer d’une logique de concurrence stérile à une alliance stratégique. Seront abordés les modèles de gouvernance, les stratégies de mutualisation des coûts et des investissements, et la mise en place d’une démarche coordonnée pour attirer de nouvelles compagnies et renforcer l’attractivité globale du « hub Antilles-Guyane ».
3. Le fret et la logistique : Huiler les rouages de l’économie
Un territoire souverain est un territoire qui maîtrise ses flux. La 3ème table ronde, « Fret et logistique », se penchera sur la nécessité de construire des chaînes de valeur performantes. Des géants du cargo (Air France-KLM) aux transitaires locaux, en passant par nos grands ports, les experts analyseront les ruptures de charge, les freins réglementaires et le déficit d’infrastructures. L’objectif est de faire émerger une vision commune pour des « autoroutes logistiques » modernes, sécurisées et digitalisées, avec le projet eFTI4ALL comme future colonne vertébrale numérique.
4. Les compétences : Assurer la relève et l’excellence
Le plus grand capital de notre bassin reste son capital humain. La 4ème table ronde, « De l’aérien au spatial », se tiendra symboliquement à proximité du Centre Spatial Guyanais pour souligner l’urgence de bâtir des ponts entre ces deux filières d’excellence. Des représentants du CNES aux universités de la Caraïbe, en passant par les rectorats, la discussion portera sur la création de parcours de formation attractifs, du bac professionnel au diplôme d’ingénieur, pour répondre aux besoins criants en techniciens de maintenance, ingénieurs et pilotes, et offrir un avenir à notre jeunesse.
5. Le financement : Trouver le carburant de la croissance
Les ambitions, aussi pertinentes soient-elles, ont besoin de capital. La 5ème et dernière table ronde, « Investir dans l’aérien », explorera les nouvelles voies de financement. Face aux investissements massifs requis par la transition écologique (biocarburants) et l’innovation (drones), les subventions traditionnelles ne suffisent plus. Des acteurs comme la Banque des Territoires , Bpifrance ou encore des SEM PATRIMONIALE REGION GUADELOUPE innovantes viendront débattre de modèles alternatifs : partenariats public-privé (PPP), tiers-investissement pour la décarbonation des aéroports, et surtout, la création d’un fonds d’investissement régional dédié.
En articulant ces cinq leviers, la Conférence de l’Aérien 2025 propose une approche systémique. Elle affirme qu’il ne peut y avoir de connectivité durable sans logistique performante, sans financements innovants, sans compétences pointues et sans aéroports jouant en équipe. C’est en activant simultanément toutes ces dimensions que nous pourrons, collectivement, faire décoller notre avenir.
